Le gouvernement de la RDC et M23, un mouvement rebelle, ont se convoqués en Kampala. A Uvira, au Sud Kivu, un groupe d'élèves explique pourquoi ils les considèrent comme un dialogue de sourds volontairement. English.
Officiellement prévue pour commencer le vendredi le 7 décembre 2012, les pourparlers ont commencé à Kampala, entre la délégation du gouvernement congolais conduite par le ministre des affaires étrangères, Raymond Tshibanda, et 30 personnes, représentant le Mouvement M23.
Le M23 est un mouvement rebelle qui a pris les armes en RDC en Avril 2012 pour dénoncer la non application des accords du 23 Mars 2009 par le gouvernement de Kinshasa. Le M23 s’est constitué en Mouvement politicomilitaire pour révendiquer l’application des conclusions issues de la conférence de Paix de Goma bafouées par le président Kabila. La conférence de Goma avait rassemblé les représentants de différents groupesarmés oeuvrant à l’Est de la RDC, la société civile et les partis d’opposition en présence de la communauté internationale.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets, dit-on. Au cours d’une discussion avec les étudiants d’Uvira, plusieurs d’entre eux nous ont confié leurs impressions des assises de Kampala. Ils pensent que les assises de Kampala sont vouées à l’échec pour plusieurs raisons.
Le cadre de discussion
La conférence internationale sur la région des grands lacs est l’organe qui a convaincu le gouvernement et les rebelles du M23 à se retrouver pour dialoguer en vue de trouver une issue à la lutte armée qui ravage le Nord Kivu depuis Avril 2012. Avec la prise de la ville de Goma par les M23, plusieurs voix se sont levées, craignant un desastre humanitaire, pour appeler les antigonistes à se mettre autour d’une même table. C’est ainsi que la conférence internationale sur le grands lacs a demandé aux M23 de se retirer de Goma et prié le gouvernement de Kinshasa d’écouter les révendicaitons des rebelles.
Avec les accords de Kampala qui commencent ce dimanche 9 Décembre, on craint que le cadre de discussion soit confus et que les attentes des uns et des autres ne soeint atteintes. En effet, les rebelles du M23 parlent de véritables négociations autour de tous les problèmes du pays tandis que le gouvernement qualifie les assises de rencontre d’écoute des révendications des rebelles. Ces vues divergeantes, si pas dissipées, entraveraient dangereusement les assises qui ne pourront pas avancer normalement.
L’objet de discussion
Mis à part le cadre de discussion, il est déjà presque sûr que les points à l’ordre des descussions ne rencontrera pas l’approbation de tous les acteurs autour de la table. Alors que le gouvernement campe sur les accords du Mars 2012, les rebelles du M23 ont fait le déplacement de Kampala avec un cahier de charge lourd. Avec ces divergences, il sera difficile que les antagonistes s’accordent sur l’agenda des négociations.
Quels sont les points qui rendent lourd le cahier charge des rebelles ? Les rebelles veulent que ces négociations abordent non seulement les accords du Mars 2009 mais qu’on élargisse les discussions aux questions de droits de l’homme, la légitimité du scrutin et la dissolution de la CENI, les questions de la comparution du colonel Numbi cité dans le procès de l’assassinat du militant des droits humains, Floribert Chebeya, la libération des prisonniers politiques, l’impunité et ainsi de suite... Tels sont les ingrédients d’un dialogue qui risque d’être une saga des sourds, une entreprise perilleuse loin de mettre fin aux crépitements des armes au Nord Kivu.
Les acteurs de discussion
Le M23 et le gouvernement de Kinshasa sont officiellement les deux acteurs des pourparlers de Kampala. Cependant, le M23 ne l’entend pas de cette oreille car il voudrait que la société civile, les partis d’oppostion et congolais de la diaspora fassent partis des discussions. Craignant de refaire le schéma de Sun city, en Afrique du Sud, le gouvernement ne souhaite pas que toutes ces tendances soient parties des assises. De même, les accords de 2009 n’ont pas été signés seulement par le CNDP mais aussi par les autres groupes armés oeuvrant à l’Est de la RDC. Ainsi, les autres groupes armés comme les Mai Mai, lesés et grands perdants, souhaitent faire entendre leurs voix et participer au dialogue pour écouter les révendications des mutins.
L’erreur du passé
L’initiative de convoquer la réunion de différents groupes armés en 2009 était une bonne idée pour enterrer définitivement le risque de cycle de violences et conflits à l’Est de la RD Congo. Cependant, ces accords n’ont rien donné, la souffrance continue de faire beaucoup de victimes, les groupes armés n’ont pas été demantelés, et les violences sexuelles ont multiplié.
L’erreur faite par ces accords était la mise à l’écart de la population locale dans les négociations. Beaucoup de gens pensent que les vraies négociations doivent commencer localement entre les différentes communautés de base avant toutes négociaitons politiques. Les vraies discussions sont celles qui suivent la ligne verticale de bas en haut. Les séquelles de la guerre encore présentes dans le quotidien des communautés, les traumatismes qui sont loin d’être extirpés de la population, le déchirement entre communautés, les remords enfouis, les massacres commis au sein des communautés, devraient constituer des motifs réels pour légitimer la base. C’est elle qui a souffert et continue de payer le pot cassé. C’est pourtant la demarche que prend les discussions de Kampala : la communauté de base, grand absent !
Il est grand temps que la valeur de la communauté de base extirpée par les politiciens soit restituée à la base car les vraies discussions devraient commencer à la base pour donner naissance aux vraies solutions prennant racine à la base.
L'etat est absent, la communauté est présent
La plupart des congolais pense que la farce a trop duré en RD Congo. Il est inquiétant de voir comment les uns et les autres se passent du peuple tout en se faisant porte parole du peuple. L’argent du peuple congolais est dilapidé dans toutes ces négociations tout en sachant que ces négociations ne sont que de la pure farce pour couvrir la face du monde.
Le chaos et l’ingouvernabilité d’où est plongé le congo ne sont pas pardonnable et la communauté internationale devrait prendre ses responsabilités pour en découdre afin tirer la population des souffrances qui ont trop pesé sur son dos.
L’absence de l’autorité de l’état, la fragilité des institutions, l’absence de la redevabilité, l’illégitimité du pouvoir en place, la multiplicité des groupes armés à l’Est, le pillage des richesses du pays, l’impunité et le clientelisme, la corruption et l’incompétence notoire des acteurs de la chose publique, tels sont les signes que les étudiants ont fait ressortir qui selon eux, précipitent dangereusement le pays au bord du gouffre.
Les enjeux de la survie de la nation congolaise sont aujourd’hui entrain de se jouer malheureusement avec les mauvais acteurs qui tous agissent au nom du peuple congolais. Devant la passivité et la complicité de tous, le pays est entrain d’être vendu à la merci de ceux qui savent manier habilement leur langue ou leur kalashnikov !
En attendant, le peuple du Nord et Sud Kivu continuent de mourir de peur sous l’occupation des uns et des autres,avec l’incertitude du lendemain et le coeur fragilisé. De même, les chars de la MONUSCO continuent de jouer leur farce, l’administration de Goma n’étant pas vraiment exercée, et le dialogue des sourds continuant son sinistre cours à Kampala.
Qui veut noyer son chien, l’accuse de rage, dit-on.